La gestion des résidus de traitement des mines d'uranium

L’exploitation des mines d’uranium en France entre 1948 et 2001 (en mine à ciel ouvert ou en mine souterraine) a conduit à la production de 76 000 tonnes d’uranium naturel. Les activités d’exploration, d’extraction et de traitement ont concerné environ 250 sites de dimensions très variables (de simples travaux de reconnaissance à des chantiers d’exploitation de grande ampleur) répartis sur 27 départements en France. Le traitement des minerais a été effectué principalement dans huit usines.

Tous ces sites sont décrits dans l’Inventaire national des sites miniers d’uranium « MIMAUSA » (Mémoire et impact des mines d’uranium : synthèse et archives) élaboré par l’IRSN.

On peut distinguer deux catégories de produits issus de l’exploitation des mines d’uranium :

1. les stériles miniers qui désignent les produits constitués des sols et roches excavés pour accéder aux gisements d’intérêt. La quantité des stériles miniers extraits peut être évaluée à environ 170 millions de tonnes. Pour l’essentiel, les stériles sont restés sur leur site de production. Ils ont été utilisés en comblement des mines à ciel ouvert ou des ouvrages miniers souterrains tels que les puits, pour les travaux de réaménagement en couverture des stockages de résidus ou placés en tas sous forme de verses. Environ 2 millions de tonnes de stériles miniers, soit 1 à 2 % de la quantité extraite, ont pu être utilisées comme matériaux de remblai, de terrassement ou en tant que soubassements routiers sur des lieux situés à proximité des sites miniers ;

2. les résidus de traitement des mines d’uranium (RTMU) désignent les produits restant après extraction de l’uranium contenu dans le minerai par traitement statique ou dynamique. Les résidus correspondent de fait à des déchets de procédé, leur quantité peut être évaluée à 50 millions de tonnes. Ces résidus correspondent à des déchets de procédé au sens du Code de l’environnement, c’est pourquoi les installations de stockage de ces résidus sont soumises à la nomenclature des ICPE et sont classées sous la rubrique 1735.

Les résidus de traitement sont stockés sur 17 sites, tous à proximité des installations de traitement de minerai d’uranium et correspondent à des déchets de type TFA ou FA-VL caractérisés par leur granulométrie et leur activité massique :

  • les résidus de traitement de minerais à faible teneur (de l’ordre de 300 à 600 ppm d’uranium) avec une activité massique moyenne totale de 44 Bq/g (dont environ 4 Bq/g de radium 226). Ces résidus, issus de la lixiviation statique (environ 20 millions de tonnes), sont stockés soit en verses, soit en mines à ciel ouvert, soit utilisés comme première couche de couverture des stockages de résidus de traitement de lixiviation dynamique ;
     
  • les résidus de traitement de minerais à forte teneur moyenne (de l’ordre de 1 000 à 10 000 ppm ou 0,1 à 1 % d’uranium) avec une activité massique moyenne totale de 312 Bq/g (dont environ 29 Bq/g de radium 226). Ces résidus, issus de la lixiviation dynamique (environ 30 millions de tonnes), sont stockés soit dans d’anciennes mines à ciel ouvert avec parfois une digue complémentaire, soit dans des bassins fermés par une digue de ceinture ou derrière une digue barrant un thalweg.

Sites miniers

Les 17 sites de stockage concernés sont :

  • Bauzot
  • Bellezane
  • Bessines-sur-Gartempe - Brugeaud
  • Bessines-sur-Gartempe - Lavaugrasse
  • Bertholène
  • Gueugnon
  • Jouac
  • La Commanderie
  • La Ribière
  • Le Cellier
  • L’Escarpière
  • Les-Bois-Noirs-Limouzat
  • Lodève
  • Montmassacrot
  • Rophin
  • Saint-Pierre-du-Cantal
  • Teufelsloch

Sur une partie de ces sites, des déchets très faiblement actifs, liés à l’usage ou au démantèlement d’installations (de traitement des minerais ou de l’amont du cycle) ont également été stockés sur place. Il s’agit des sites de Bauzot, Saint-Pierre-du-Cantal, Bessines-sur-Gartempe, Gueugnon, Lodève, Jouac, L’Escarpière, Les-Bois-Noirs-Limouzat et Le Cellier.

Par ailleurs, trois sites de la Division minière de la Crouzille (Orano, anciennement Cogema puis Areva), ont été utilisés dans les années 1970 et 1980 comme décharges pour des déchets très faiblement actifs issus de divers établissements de l’amont du cycle : Fanay, Margnac et Peny. Dans le cadre du PNGMDR, Orano a remis des études relatives à l’évaluation de l’impact à long terme sur la santé et l’environnement des stockages de résidus de traitement miniers (caractérisation physico-chimique des résidus, tenue géomécanique des digues et impact radiologique à long terme des stockages) ainsi que des anciens sites miniers d’extraction (gestion des rejets diffus et traitement des eaux, impact à long terme des stériles miniers). Les études remises dans le cadre du PNGMDR 2013-2015 ont permis :

  • d’apporter des éléments concernant la modélisation de l’impact des stockages de résidus miniers ;
  • d’améliorer la connaissance des phénomènes de transport de l’uranium des verses à stériles vers l’environnement ;
  • d’améliorer la connaissance des mécanismes régissant la mobilité de l’uranium et du radium au sein des résidus miniers uranifères.

 

Par ailleurs, le Groupe d’expertise pluraliste (GEP) du Limousin a remis en 2010 un rapport sur l’impact actuel et à long terme de ces exploitations minières. Ce rapport propose des options de gestion de surveillance.

Enfin, conformément à la circulaire du 22 juillet 2009,  des bilans environnementaux de l’ensemble des sites miniers de responsabilité Orano, incluant les sites de stockage de résidus de traitement, sont en cours de réalisation. Un diagnostic des sites orphelins (dont le responsable n’est pas connu ou insolvable) est aussi en cours.